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Start-up Kingdom

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Startups - Business Angels - Venture Capitalists : Mode d'emploi


Refonder une confiance devenue évanescente entre les entreprises et les investisseurs

Posted on October 25 2013, 07:57am

L’ancien président du très sérieux Institute of Chartered Accountants in England and Wales (l’équivalent de notre Ordre des experts-comptables), Paul Druckman a une délicatesse toute britannique pour asséner des vérités qui blessent : « Nous devons refonder une confiance qui n’existe plus trop entre les entreprises et les investisseurs, entre les décideurs économiques et le public. » Il est aujourd’hui le directeur exécutif de l’International Integrated Reporting Council (IIRC, comité international pour le reporting intégré).

Ce comité inconnu du grand public, créé en 2010, regroupe des représentants de grandes entreprises (General Electric, Xerox, Tata, Microsoft, Solvay…), d’investisseurs (BlackRock, HSBC, UBS…), de cabinets d’audit (les Big Four y sont), d’autorités de régulation des marchés, d’organisations non gouvernementales et des professions du chiffre venus de tous les continents. Leur constat est commun : Dans les années 1970, les comptes annuels publiés par les entreprises représentaient 80 % de leur valeur, et 20 % y échappaient. Aujourd’hui, les proportions sont inverses. Non pas que les chiffres soient faux, mais l’économie a changé. La valeur d’une entreprise est aussi celle de ses propriétés intellectuelles, de ses marques, de sa réputation, des compétences de ses salariés, de son impact sur l’environnement…

Leur objectif : mettre au point un nouveau type de rapport annuel, le « rapport intégré », un document rendant compte, en premier lieu aux investisseurs, de la capacité de l’entreprise à créer de la valeur – et à maîtriser les risques de destruction de valeur – à court, moyen et long terme. À l’heure d’Internet, un tel document doit rester simple et lisible, et ne pas s’encombrer de données chiffrées auxquelles chaque partie prenante de l’entreprise pourra accéder de façon interactive en fonction de ses attentes particulières. Il ne s’agit pas de créer de nouveaux indicateurs plus « pertinents », mais de réexpliquer la performance de l’entreprise dans sa diversité.

Après avoir consacré plus d’une année à étudier la faisabilité d’un tel document, l’IIRC est entré dans la phase de définition du « rapport intégré ». un programme pilote a été lancé mi-2011 d’une part avec un réseau de plus 80 – bientôt 125 – entreprises mondiales, d’autre part avec un réseau d’investisseurs. Les « retours » croisés de ces réseaux ont permis de tracer un cadre général.

Le « rapport intégré » devra articuler trois « couples » d’actifs de l’entreprise : le capital financier (titres, dette…) et le capital « matériel » (immeubles, usines, équipements) ; le capital « naturel » (les ressources naturelles mobilisées, l’impact sur l’environnement) et le capital « social » (la réputation, la capacité à déployer son activité dans un contexte donné – licence to operate) ; et enfin le capital « intangible » formé par le couple capital humain (les qualifications, la formation, l’organisation, le climat social dans l’entreprise) et capital intellectuel (les savoirs, les savoir-faire, les brevets, la capacité à innover…). Ce « cadre général » a été approuvé lors de la dernière réunion de l’IIRC qui s’est tenue à Paris au début de 2013 et fait l’objet d’une consultation ouverte. Celle-ci est accessible à toutes les entreprises, organisations, à tous les chercheurs voire simples citoyens pour aboutir à un document final en décembre.

Restera alors l’essentiel, c’est-à-dire la mise en œuvre effective, qui ne pourra se faire que sur la base du volontariat dans la mesure où l’IIRC, bon élève libéral, rejette toute idée d’intervention du législateur. Quoique les discussions avec la Commission européenne, qui prépare une nouvelle réglementation du commissariat aux comptes, soient nombreuses…

Mais l’IIRC compte sur le « soft power » de la montée du débat sur la responsabilité sociale des entreprises et surtout sur l’appui des pays émergents, très présents. Les entreprises et les gouvernements asiatiques y voient une alternative à l’approche occidentale, car elle correspond mieux à leurs valeurs traditionnelles d’équilibre entre différentes parties prenantes.

Le président de l’IIRC, Mervyn King (un homonyme du gouverneur de la Banque d’Angleterre), vient d’Afrique du Sud, seul pays où les entreprises cotées doivent publier un « rapport intégré » assez semblable au projet de l’IIRC, mais dont les normes ne sont pas véritablement fixées. Les entreprises européennes elles-mêmes, il y a quinze ans publiaient des rapports d’activité assez proches de l’objectif que vise aujourd’hui l’IIRC. Mais tout le monde s’est ensuite aligné sur l’extrême codification anglo-saxonne, qui exige des listes interminables de données afin d’éviter toute faille juridique.

C’est d’ailleurs aux Etats-Unis que l’initiative de l’IIRC suscite le moins d’échos, tant la culture du chiffre y est forte. Pourtant, des entreprises américaines pionnières comme Coca-Cola, Prudential, Microsoft, General Electric, Intel, American Airlines… se sont déjà lancées dans l’élaboration de rapports intégrés ; certaines ont participé au « programme pilote ». Mais vouloir rétablir la confiance par une image plus fidèle de la performance des entreprises semble illusoire sans un petit coup de pouce de la puissance publique. L’exemple de la vertu n’est pas toujours suivi.

www.valoro.be

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