Les « on-line matching services » : est-ce efficace ?

Au cours de ces dernières années, plusieurs sociétés de services sont apparues sur Internet avec pour objectif d’assortir des entrepreneurs avec des anges investisseurs. En général, la méthode utilisée sur ces sites Web est de cantonner l’information envoyée sur les startups en quête de capitaux dans une zone protégée par un mot de passe où seuls des investisseurs accrédités y ont accès. L’investisseur décide ensuite s’il souhaite approfondir son enquête sur la société convoitée par des entretiens complémentaires, voire même s’il souhaite déjà négocier les termes de collaboration éventuelle.

Le service « on-line » perçoit généralement un success fee, une commission de succès, quand une transaction est effectuée grâce au site. Plusieurs sites Internet ne font payer qu’une commission de placement (une cotisation pour avoir le droit de placer et/ou de consulter un profil), mais plusieurs autres exigent une commission de placement plus une commission supplémentaire en cas de succès.

Ces intermédiaires d’un nouveau type ont commencé avec un excellent concept de service : utiliser la vitesse et la commodité d’Internet pour disséminer l’information sur les entreprises à la recherche de fonds. Permettre aux entrepreneurs d’avoir une audience régionale, nationale, voire internationale au lieu de ne prospecter que dans leur zone locale. Permettre aux nouveaux anges investisseurs d’entrer plus facilement dans ce marché et de trouver vite des sociétés susceptibles de les intéresser sans avoir à gaspiller trop de temps à mettre sur pied leur propre réseau de relations publiques.

Mais évidemment un site Web ne peut être qu’un complément à des transactions intuitu personae. Il est difficile d’imaginer un investisseur potentiel envoyant une somme importante à une start-up parfaitement inconnue sur le base unique des informations brutes collectées sur un site Web. C’est la raison pour laquelle ces sites d’intermédiation proposent également en activité annexe l’organisation d’évènements (forums, conférences dînatoires, repas d’approfondissement, etc.) où les entrepreneurs ont l’occasion de rencontrer physiquement et de discuter « les yeux dans les yeux » avec un panel d’anges sélectionnés. Il faut dans ce domaine toujours mélanger le monde réel et le monde virtuel de l’Internet pour obtenir un modèle économiquement viable. Bien que des transactions en ligne se réalisent grâce aux sites Web spécialisés, le volume de celles-ci est finalement bien en deçà des projections optimistes de la plupart des sites d’entremetteurs d’affaires. On s’est rendu compte des faiblesses inhérentes au modèle économique de ce type de service on-line, à la fois pour les entrepreneurs et pour les investisseurs.

Pour un ange notamment, il est difficile d’évaluer les mérites d’une jeune société en ne lisant que le résumé opérationnel ou le business plan édité sur une site Web. En général, une grande partie de la décision d’investir du business angel dépend de facteurs émotionnels, irrationnels, et se base sur une sorte d’évaluation instinctive, personnelle du porteur de projet et de son équipe. Il est assez difficile de constater si on a des « atomes crochus » avec l’autre partie au travers d’un portail Internet.

Dans ce même ordre d’idée, on a d’ailleurs constaté que le e-commerce (commerce en ligne) ne fonctionne pas bien pour les produits pour lesquels les consommateurs sont habitués à choisir en utilisant leurs sens, en particulier les sens du toucher et de l’odorat. Pour investir il faut donc pouvoir regarder le blanc des yeux de votre interlocuteur, on investit d’abord dans les hommes, ensuite seulement dans l’idée.

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